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Actualités artistiques 27 Fév 2024

Les œuvres d'art à voir au Louvre (qui ne sont pas la Joconde)

Ecrit par Everett Heebe , Mis à jour le 27 Fév 2024
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Les œuvres d'art à voir au Louvre (qui ne sont pas la Joconde)

Découvrez les histoires fascinantes qui se trouvent derrière certaines des œuvres d’art les plus marquantes du Louvre et entamez un voyage à travers le temps. Des statues anciennes aux chefs-d’œuvre de la Renaissance, chaque œuvre offre un éclairage unique de l’expérience humaine. Accompagnez-nous pour découvrir les trésors cachés du Louvre qui attendent d’être découverts, au-delà de la célébrité de la Joconde.

1. Artiste inconnu, Statue d’Ain Ghazal, 7200 et 6250 av. J.C – La plus ancienne

Cette oeuvre est situé dans le département des antiquités du Proche-Orient en raison de sa découverte près d’Amman en Jordanie, sur le site néolithique d’ « Aïn Ghazal », lors des fouilles archéologiques des années 1980. Il fait partie d’un ensemble comprenant environ trente statues, témoins d’une civilisation néolithique datant du 7ème millénaire avant notre ère.

Statue d’Ain Ghazal © Wikipedia

Faite de plâtre de gypse pour le corps et de bitume pour les paupières et les pupilles, cette statue était montée sur un châssis de cordes en fibres tressées. Son utilité demeure un mystère : elle aurait pu servir à représenter les ancêtres, en lien avec la découverte de crânes sur le même site archéologique. La statue pourrait aussi avoir été un objet rituel ou de culte. Dans un sens plus large, elle pourrait constituer l’une des premières traces de l’idée de perpétuer la mémoire d’une personne à travers le matériau du plâtre.

2. Antonio Canova, Psyché ranimée par le baiser de l’Amour, 1787-1793 – Le plus sensuel

Antonio Canova, éminent sculpteur néoclassique du XVIIIe siècle, est réputé pour son habileté à réincarner la beauté de l’Antiquité grecque au sein de l’école italienne. Prenez le temps de vous immerger dans la tendresse et la sensualité de cette sublime œuvre d’art en marbre de Canova au Louvre.

Cette sculpture en marbre blanc intitulée Psyché ranimée par le baiser de l’Amour s’inspire de l’histoire légendaire des amants immortalisée par Apulée dans son œuvre. Cette représentation captivante saisit le moment où l’Amour, incarné par Cupidon, s’apprête à embrasser Psyché pour la réveiller de son sommeil profond. Canova fige dans le marbre la tendresse et la sensualité du couple, accentuées par l’écart entre leurs visages, exprimant ainsi toute la délicatesse de ce moment suspendu.

Psyché ranimée par le baiser de l’Amour © Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais

La légende de Cupidon et Psyché raconte l’histoire d’une belle princesse nommée Psyché, dont la beauté suscite la jalousie de Vénus, la déesse de l’amour. Vénus ordonne à son fils Cupidon de la rendre amoureuse de la personne la plus laide. Néanmoins, Cupidon tombe lui-même amoureux de Psyché et la cache dans un palais enchanté. Malgré leur amour, Psyché n’est pas autorisée à voir le visage de Cupidon. Après avoir enfreint cette règle, Psyché doit surmonter des épreuves pour être réunie avec son bien-aimé. Cupidon la ranime ensuite avec un baiser et les dieux leur permettent de s’aimer éternellement et librement, en accordant à Psyché l’immortalité.
Cette sculpture dévie légèrement du récit original, substituant le baiser à la flèche pour symboliser la passion unissant les amants.

Canova représente habilement la composition pyramidale de la sculpture, créant une stabilité tout en insufflant aux personnages une dynamique ascendante (avec les ailes) et descendante, symbolisant la rencontre entre divin et humain. La subtilité de son art réside dans la manière dont il guide le regard du spectateur vers le point focal de la sculpture, le baiser, mis en valeur au centre du cercle formé par les bras en mouvement.

3. Gregor Erhat, Sainte Marie-Madeleine, 1515 / 1520 – La plus douce

Gregor Erhart, né à Ulm, en Allemagne, au sein d’une famille de sculpteurs sur bois. Formé dans les ateliers de son père, Gregor adopte un style gothique.

Il est impossible de ne pas être captivé par la splendeur de cette statue lorsque l’on passe à proximité. La sculpture allie la sérénité gracieuse et les traits doux de la tradition artistique de l’Allemagne du sud à la volupté des formes féminines de la Renaissance. Marie-Madeleine se trouve dans une posture de contrapposto, où le poids du corps repose sur une seule jambe.

Sainte Marie-Madeleine © Musée du Louvre / Pierre Philibert, 2006

Cette sculpture en bois de tilleul, datant des années 1515-1520, représente de manière singulière Sainte Marie-Madeleine, qui évoque la pécheresse biblique sous les traits d’une ascète mystique, vêtue seulement de ses cheveux et portée vers le ciel par les anges. La femme au corps gracieux et aux cheveux séduisants n’est pas un ange, mais la célèbre pécheresse de Jésus, Marie-Madeleine. Après avoir trouvé le repentir auprès de Jésus-Christ, elle se retire dans une grotte, vêtue uniquement de ses cheveux.

Cette représentation a subi diverses altérations au fil du temps : en 1525, lors de la réforme protestante, des larmes sont ajoutées à son visage pour accentuer son statut de pécheresse. Deux siècles plus tard, sa nudité est jugée choquante et elle est couverte de vêtements. Cette œuvre a acquis une aura presque profane.




4. Marie-Guillemine Benoist, Portrait d’une femme noire, 1800 – La plus révolutionnaire

Marie-Guillemine Benoist fut encouragée dès son jeune âge par son père à développer son talent artistique. À treize ans, elle fut envoyée auprès de Louise Elisabeth Vigée-Lebrun, célèbre portraitiste, pour parfaire sa formation en peinture.

À une époque où les femmes artistes étaient rares et cantonnées à des sujets conventionnels, Marie-Guillemine Benoist, femme à l’esprit libre, défie les normes en réalisant ce portrait. Ce tableau emblématique marque un tournant dans l’histoire de l’art, en brisant les stéréotypes raciaux de l’époque, puisqu’elle met en lumière la beauté et la singularité d’une femme noire. Peu d’informations existe sur le modèle, Madeleine, probablement née esclave en Guadeloupe au XVIIIe siècle. L’abolition de l’esclavage votée six ans avant (en 1794) par la Convention, pourrait être symbolisée par la présence subtile des couleurs bleu, blanc et rouge du tableau.

Portrait d’une femme noire © Musée du Louvre / Angèle Dequier, 2003

Son œuvre présente un modèle au charme énigmatique, peint avec une grande maîtrise des contrastes entre la peau noire et les vêtements blancs éclatants caractéristiques du style néoclassique. Le modèle, représenté de trois quarts avec audace, dégage une beauté énigmatique qui transcende les clichés.

Cette œuvre a été célébrée dans le clip musical « Apeshit » de Beyoncé et Jay-Z, tourné au Louvre.

5. Théodore Géricault, Le radeau de la Méduse, 1818 / 1819 – Le plus morbide

Théodore Géricault (1791–1824), figure marquante du mouvement romantique français, est connu pour son tempérament tourmenté et son œuvre emblématique, Le Radeau de La Méduse, a révolutionné la peinture d’histoire au XIXe siècle.

La scène qui se déploie sur la toile, met en évidence un naufrage réel qui s’est déroulé le 2 juillet 1816. La frégate La Méduse fit naufrage au large de la Mauritanie, transportant près de 150 passagers. Contraints de monter sur un radeau de fortune, les survivants ont enduré treize jours de dérive dans l’océan Atlantique, marqués par des conflits, des actes de désespoir et même du cannibalisme. Seuls quinze d’entre eux furent finalement secourus.

Le Radeau de La Méduse © Cultea

Cette peinture présente une composition de triangles imbriqués, avec la pointe orientée vers un ciel plus lumineux. Certains voient dans la figure du « Maure », agitant un tissu, une allégorie de la lutte pour la liberté des peuples africains et des populations opprimés. Le navire lointain et la lueur à l’horizon représentent l’espoir d’un avenir meilleur, contrastant avec la tragédie qui se déroule au premier plan.

On distingue diverses attitudes des personnages : la résignation du personnage accoudé, tournant le dos à la lumière, l’espoir de ceux tendant les bras vers le bateau salvateur, et l’abandon des corps épuisés.

Cette œuvre d’art incarne le classicisme romantique, tout en reflétant la cruauté et le désespoir de l’expérience humaine dans un moment de crise.

6) Jean Jacques Feuchère, Satan, 1833 – Le plus dramatique

Jean-Jacques Feuchère, né à Paris, a grandi dans l’atelier de son père, un talentueux ciseleur. Sans fréquenter l’école de sculpture, il s’est perfectionné en pratiquant auprès des maîtres.

Satan est une œuvre d’art qui dépasse les représentations traditionnelles du diable et qui propose une réflexion imprégnée de mélancolie et de mystère. Feuchère s’inscrit pleinement dans le mouvement romantique, inspiré par des références bibliques et faustiennes. Cette figure, tirée de la célèbre gravure « La Mélancolie » de Dürer, montre Satan dans une posture réfléchie, le coude appuyé sur le genou et le menton soutenu par la main, une attitude qui rappelle celle du poète romantique en quête de sens.

Satan © Musée du Louvre / Pierre Philibert, 2007

Loin de la représentation monstrueuse habituelle, le Satan de Feuchère est dépeint avec une humanité troublante, doté d’un physique attrayant et d’une expression empreinte de tristesse. Cette approche reflète l’intérêt des artistes romantiques pour les figures maudites, où le diable incarne la part sombre de l’humanité, une créature à la fois tragique et pitoyable.

Feuchère donne à son Satan une profondeur psychologique, illustrant le doute et la détresse d’un être déchu en quête de rédemption. Cette représentation symbolise non seulement la condition humaine, marquée par la chute originelle, mais aussi le dilemme de l’artiste qui, à travers ses créations, défie les limites imposées par le Créateur tout en confrontant ses propres incertitudes.

7. Houdon, Diane chasseresse, 1790, Un symbole de force

Jean-Antoine Houdon, célèbre sculpteur français du XVIIIe siècle, était reconnu pour sa capacité à représenter la réalité avec une grande finesse. Houdon met en valeur l’élégance et la grâce intemporel de Diane chasseresse. Déesse de la chasse, la guerre et la nuit dans la mythologie romaine, cette sculpture est une représentation saisissante d’une jeune femme en mouvement, coiffée du croissant de lune, tenant un arc et une flèche.

Diane chasseresse © Louvre, Paris / bridgemanimages

Houdon a choisi de représenter Diane dans un état de nudité, une décision audacieuse étant donné que seule la Diane au bain était traditionnellement dépeinte ainsi. Pour l’artiste, la nudité des dieux, possédant des corps parfaits, n’est pas impudique contrairement à celle des êtres humains, justifiant ainsi son choix.

Cette sculpture en bronze est souvent associée au courant néoclassique en raison de la fidélité du visage à l’Antiquité, ainsi que de son aspect pur, impassible et intimidant, typique du classicisme.

8. Georges de la Tour, Le Tricheur à l’as de carreau, 1636 / 1640- La tromperie au grand jour

Georges de la Tour, peintre du 17e siècle français sous Louis XIII, est célèbre pour son réalisme et son utilisation du clair-obscur. Son tableau « Le Tricheur à l’as de carreau » présente une scène de jeu mettant en avant les tentations de l’époque : le jeu, le vin et la luxure.

La scène semble figée dans l’action, capturant un moment de suspense alors que les personnages jouent à « la prime », un ancêtre du poker. Le tableau représente un jeune homme, richement vêtu, concentré sur ses cartes, tandis qu’une courtisane au décolleté séduisant, attire l’attention avec son regard et son geste vers la gauche de la composition. Un autre joueur dans l’ombre triche discrètement, cachant un as de carreau derrière sa ceinture. Entre eux, la servante offre du vin, complétant ainsi le tableau d’une atmosphère de tromperie et de tentation.

The Cheat with the Ace of Diamonds © Wikipedia
Le Tricheur à l’as de carreau © Wikipedia

La composition est structurée par deux diagonales, mettant en évidence la tricherie, la complicité entre la servante et la courtisane, ainsi que la proie naïve que représente le joueur principal.




L’héritage du Louvre : éveiller la curiosité autour des trésors artistiques

En nous séparant des grandes salles du musée, nous emportons avec nous une nouvelle appréciation du pouvoir de l’art qui permet de transcender le temps, la langue et la culture.

Toutefois, la vaste collection du Louvre assouvie une soif de découverte inépuisable. Quelles autres œuvres d’art remarquables incluriez-vous dans votre liste ?

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